top of page

Madras : Plus qu’un tissu, un héritage culturel

Updated: Jul 5, 2022

Le jour où j’ai annoncé à mes amies de lycée que je rêvais que l’on puisse porter des robes traditionnelles en madras comme au bon vieux temps, elles m’ont toutes déclaré folle. Oui, j’étais certainement folle.


Ces robes, aussi magnifiques soient-elles, ne sont certainement pas faites pour une jeune femme du 20ème siècle. Mais, savez-vous à quel point ce petit morceau de tissu appelé madras est chargé d’histoire ? Il aurait pu avoir sa propre route, tout comme la Route de la soie, car ce petit bout de tissu a beaucoup bougé, a vu beaucoup de choses et est toujours présent de nos jours. D’ailleurs, depuis quelques années, il fait son comeback avec succès. C’est incroyable tout ce que j’ai pu encore apprendre sur ce petit bout de tissu au cours de mes recherches pour préparer ce post. Pourtant, j’ai grandi avec le madras partout autour de moi dans ma vie quotidienne.

 

Mais tout d’abord, le madras c’est quoi ? Et pourquoi le trouve-t-on partout dans la Caraïbe ?


Je n'entrerai pas dans les détails techniques ici (ou ailleurs d’ailleurs, parce que ce n'est absolument pas mon domaine d'expertise et que certains d'entre vous en savent probablement plus que moi sur les techniques de tissage). Je dirai simplement que le madras est un tissu à carreaux de coton tissé à la main et léger et que le processus de fabrication de motifs Madras nécessite l'utilisation d'outils de tissage tels que des tissages unis, des dobbies ou du jacquard. Désolé, j'ai promis : pas de détails techniques ! Ce que vous devez savoir, c'est que le madras nous vient d'une ville d’Inde appelée Madras (abréviation de Madraspatnam, aujourd’hui appelée Chennai – je ne le savais).


Entre esclavage et colonialisme, il a parcouru son petit bonhomme de chemin pour arriver jusqu'à nous dans les Caraïbes, en route vers l’Europe via l'Afrique.

Mais c’est bien sûr ! Aucune surprise ici, car à peu près tout dans la culture des Caraïbes y est soit, arrivé d'Afrique avec nous soit, importé d’Europe par le colonisateur. (Et bien sûr, nous avons également apporté notre touche personnelle au peu qu’il restait de la culture de nos ancêtres moins connus : les populations autochtones arawak et caribéennes.) Je vous l'ai dit : beaucoup d'histoire dans ce petit morceau de tissu.


Je l'appelle un petit morceau de tissu parce que c'est ainsi qu'il était utilisé au départ. Le madras a commencé dans nos sociétés des Caraïbes comme un carré de tissu servant de couvre-chef. Il a d'abord été imposé par les propriétaires d’esclaves : les femmes noires devaient cacher leur corps derrière une grossière étoffe unie et cacher leurs cheveux sous un morceau de tissu afin de ne pas séduire les hommes blancs et pour apaiser la jalousie des femmes blanches. À la Nouvelle-Orléans (vous ne pensiez tout de même pas que les États-Unis n'avaient pas joué leur rôle dans tout cela ?), cette règle a été imposée via la les Lois Tignon. Plus tard, les femmes utilisèrent le madras pour embellir leurs robes unies et y apporter une touche de couleur à leurs tenues (vous avez déjà entendu cela quelque part, n’est-ce pas chers amis de Bwa Brilé ?). Le madras est même devenu au fil du temps un moyen de communication très sophistiqué : aux Antilles françaises, les différents "maré tèt" (coiffe) étaient une indication de votre statut social et matrimonial.


Les différentes têtes et leur signification, Martinique
 

Le madras se déplaça ensuite plus bas sur la robe, remplaçant le morceau de tissu uni qui ornait les hanches pour finalement devenir une partie intégrante de la robe.

Bien entendu, durant mon enfance, dans les années 1970-1980 (et c’est là que j'espère que vous n'êtes pas trop bons en maths), tout cela avait disparu et les robes et coiffes madras n'étaient plus portées que pour des festivals ou autres défilés de carnaval . Tout cela nous ramène à mes camarades de lycée qui étaient prêts à me traîner à Colson (l'hôpital psychiatrique de Martinique) parce que je voulais porter des robes traditionnelles dans la vie quotidienne. On trouvait encore le madras dans nos maisons, mais principalement à des fins de décoration (nappes, serviettes, assiettes en papier, etc.). Dans les années 1990, il était devenu un incontournable dans les foyers de notre diaspora caribéenne en France hexagonale (dans le cas de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane et de la Réunion) ainsi qu'à Londres et aux États-Unis. Le madras était un morceau de tissu qui vous faisait vous sentir au pays, mettait de la couleur et de la chaleur dans votre maison et vous aidait à oublier la grisaille et le froid hivernal.


Le madras était également (et est toujours) largement exposé dans les boutiques touristiques.

 

Ça suffit avec l'histoire maintenant ! Qu’en est-il du madras aujourd’hui ?


Eh bien, bonne nouvelle : le tissu madras fait son grand retour au quotidien ! Eh oui ! Et pas seulement dans les Caraïbes françaises. En 2017, l'île de Montserrat a organisé son premier « Madrastique », un concours de création de mode et de design pour célébrer le tissu madras. Les créateurs ont montré leur talent avec des tenues de soirée, des tenues de plage, des vêtements décontractés et des déguisements. Je n'ai pas trouvé d’information relative à d’éventuelles éditions ultérieures.

*Madrastique


Si vous êtes de Montserrat (ou si vous connaissez la réponse), laissez-moi un message dans les commentaires.


En décembre 2019, les Îles Vierges Américaines ont adopté un projet de loi pour adopter leur propre madras national, spécialement conçus par un designer textile de Sainte-Croix… Oui, j'ai oublié de vous dire que certains pays des Caraïbes ont un madras national spécifique. Par exemple, dans le madras de la Jamaïque, le vert prédomine. Bien que le madras à dominance jaune et rouge soit celui qui est principalement utilisé en Martinique, je ne pense pas que nous ayons un madras spécifique qui nous représente (peut-être quelque chose à considérer le jour où nous aurons notre propre drapeau ?). Plus important encore, le retour du madras ne se fait pas uniquement dans les défilés de mode ou dans les arènes nationalistes. De plus en plus de gens remettent le madras dans leur tenue de tous les jours simplement parce qu'ils le souhaitent. Les tutoriels et ateliers pour apprendre à attacher correctement le madras sont légion sur YouTube. Regardez ci-dessous avec quelle fierté ces jeunes femmes des Îles Vierges Américaines portent leur "maré tèt "! Et bien sûr, vous savez déjà tout sur la collection Madras de Bwa Brilé pour vos boucles d'oreilles !


*Madras des Îles Vierges Américaines


En parlant d'accessoires, même la pandémie de coronavirus de cette année a contribué à mettre le madras au premier plan, avec une forte demande en masques madras. Une fois vos achats de boucles d'oreilles terminés allez faire un tour sur Le Catalogue de la Mode Madras par exemple, pour trouver la parfaite tenue madras moderne pour les accompagner (ou simplement pour vous inspirer) et ensuite, pourquoi pas, rendez-vous au Madras Day à Paris (cette année il a eu lieu le 11 juillet 2020 !)



 

> Si vous souhaitez en savoir plus


Il y a tant à dire sur mon petit morceau de tissu que je ferais mieux de m'arrêter là. Mais si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas à consulter les sites Web ou pages Facebook suivants. Ce ne sont que quelques-unes des nombreuses pages que j'ai rencontrées lors de mes recherches sur le sujet.



Et celui-ci si vous voulez vraiment plonger profondément dans le sujet. (Oui, avec des détails techniques, des dates et tout, et tout) :



---------------------------------------------

Suivez Bwa Brilé sur les réseaux pour plus d'infos et retrouvez nos boucles sur notre site :


> Instagram: @bwa.brile

> Facebook: Bwa Brilé

 



603 views0 comments

Recent Posts

See All
bottom of page